lundi 1 septembre 2008

PRENDRE LA PAROLE AU NOM DE LA FOI EN JÉSUS DE NAZARETH



Bien rares sont les institutions dont les membres disposent d’une source d’autorité qui transcende toutes les autres formes d’autorité dont peut se doter une organisation. C’est bel et bien le cas des croyants en qui l’Esprit de Jésus agit. C’est Lui qui est, comme le dit Paul aux Colossiens (1,18), « la Tête du corps, qui est l’Église ». Il est le Seul à avoir l’autorité absolue et à dispenser ses dons selon un ordre qui échappe à toutes les autres autorités dont l’Institution a pu se doter. « À chacun de nous la grâce a été donnée selon la mesure du don du Christ (…). Et c’est Lui qui a donné certains comme apôtres, d’autres comme prophètes, d’autres encore comme évangélistes, d’autres enfin comme pasteurs et chargés de l’enseignement, afin de mettre les saints en état d’accomplir le ministère pour bâtir le corps du Christ… » (Éphésiens, 4,7-13).

Nous pourrions multiplier les citations bibliques mettant clairement en évidence le fait que Jésus et son Esprit demeurent toujours très actifs, qu’ils agissent comme ils l’entendent, sans devoir demander la permission à qui que ce soit. Lorsqu’ils ont fait de Paul un apôtre, ils n’ont pas consulté Pierre pas plus que les autres apôtres. Il en fut de même lorsque Jésus ressuscité envoya son Esprit sur les nations païennes. Pierre n'eut rien de plus à faire que de les reconnaître : « Quelqu’un pourrait-il empêcher de baptiser par l’eau ces gens qui, tout comme nous, ont reçu l’Esprit-Saint ? » (Act. 10, 44-48). L’Église n’est-elle pas d’abord et avant tout la réunion de ses membres, réunis dans un seul corps par l’Esprit ? Chacun agit alors selon la grâce qui lui a été accordée. « Est-ce le don de prophétie, qu’on l’exerce en accord avec la foi ? L’un a-t-il le don de service ? Qu’il serve. L’autre celui d’enseigner ? Qu’il enseigne. Tel autre celui d’exhorter ? Qu’il exhorte. » (Rm.12, 4-10). Pierre, alors qu’il arrive au terme de sa vie, exhorte ceux qui, comme lui, ont des responsabilités de pasteurs. Il leur dit dans quel esprit ils doivent les assumer :

« Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié, veillant sur lui, non par contrainte, mais de bon gré, selon Dieu ; non pour un gain sordide, mais avec l'élan du cœur ; non pas en faisant les seigneurs à l'égard de ceux qui vous sont échus en partage, mais en devenant les modèles du troupeau. » (1 Pierre 5,1-2)

Deux mille ans se sont écoulés depuis ces origines des premières communautés chrétiennes à aujourd’hui. Un long parcours qui a donné naissance à un gouvernement ecclésial qui s’est progressivement approprié l’ensemble des dons de l’Esprit et le pouvoir d’en disposer selon ses propres critères de discernement. Ainsi, aujourd’hui, qui pense Église pense Vatican. S’il y a des voix prophétiques qui se font entendre en dehors de son contrôle et sur des sujets qui la questionnent, le Vatican les soumet à procès, les condamne ou les excommunie. Loin de retrouver l’attitude de Pierre devant l’arrivée de Paul et de celle des païens, l’autorité vaticane s’arroge l’exclusivité du pouvoir de l’Esprit-Saint et décide selon ses convenances de la distribution de ses dons. Il en va ainsi pour le choix du pape, celui des cardinaux, des évêques, etc. Il a le contrôle de « l’agenda du mystère du salut ». Nous nous retrouvons avec une Église complètement prise en charge par ceux qui la dirigent (son gouvernement). L’autorité du Ressuscité, Tête de l’Église, est complètement absorbée par la personne du pape. La grande majorité des croyants oublient que le Christ et son Esprit sont tout aussi présents en eux qu’ils ne le sont dans la personne du pape et de ceux qui l’entourent. Nous partageons tous dans le Corps qu’est l’Église un même Esprit dont personne n’a l’exclusivité. Paul en ajoute en disant que l’Église s’édifie sur deux fondations aussi importantes l’une que l’autre, celle des apôtres et celle des prophètes, ces derniers n’étant pas les créatures des premiers.

« Vous êtes intégrés dans la construction dont les fondations sont les apôtres et les prophètes, et la pierre d'angle Jésus-Christ lui-même. 21 C'est lui qui assure la solidité de toute la construction k et la fait s'élever pour former un temple saint consacré au Seigneur. »

Il est donc devenu urgent de reprendre la parole pour donner une voix à l’Esprit qui parle et agit en chacun de nous, selon le don et la grâce de Dieu. Pour ceux qui s’inquiètent du bon discernement de chacun, y incluant celui des autorités vaticanes, la communauté des croyants sera toujours là pour l’assurer dans la foi. Nous ne sommes plus seuls : le Christ et l’Esprit-Saint vivent en nous, c’est notre foi et notre liberté. N’est-ce pas là un appel à l’écoute de ceux et celles qui prennent la parole, ces prophètes des temps modernes, pour que l’Esprit nous éclaire dans notre propre foi?

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